Quels enjeux pour les entreprises ?
Nous sommes fiers de lancer notre tout premier podcast : ENERGY 4.0
Dans cette série podcast nous allons décrypter tous les sujets d’actualité autour de la décarbonation et de la transition énergétique en industrie, à travers les témoignages des acteurs de l’énergie et des industriels sur le terrain.
Dans ce premier épisode, découvrez comment atteindre les objectifs fixés par le plan de sobriété ? Quelles stratégies mettre en place pour réussir sa transition énergétique et écologique ? Avec quelles aides ? Comment concilier développement économique, écologie et responsabilité sociale et environnementale ? Quels sont les enjeux de la décarbonation à court et long terme ?
Ce sont toutes les questions auxquelles Guillaume Accarion, CEO d’AKAJOULE a répondu.
« Le bureau d’études aujourd’hui c’est une quarantaine de personnes, le siège est à Saint-Nazaire, on a une agence ouverte l’année dernière à Valence et bientôt une dans le sud-ouest l’année prochaine. AKAJOULE c’est 6 pôles d’activité, on est multicompétence dans l’énergie.
On s’intéresse aussi bien aux consommateurs d’énergie industriels mais aussi aux transports, mobilité, bâtiments, également les énergies renouvelables, la biomasse et le photovoltaïque. Nous avons une spécificité sur le territoire et une business line autour de la donnée et de l’énergie qui est une de nos spécialités. »
« Effectivement, je travaille dans le secteur de l’énergie depuis ma sortie d’école d’ingénieurs, il y a presque 20 ans maintenant, à cette époque c’était un secteur qui allait avoir des mutations importantes. Il n’y en avait pas eu depuis un certain temps après le premier choc pétrolier. On voit que l’histoire se répète car on entre dans le choc gazier.
C’était et c’est un secteur prometteur. En 2010, j’ai eu envie de m’intéresser au consommateur d’énergie, donc j’ai créé un bureau d’études dont l’objectif premier est d’aider les consommateurs d’énergie professionnels : des entreprises, des industries, des villes, des agglomérations, des régions à mieux comprendre l’énergie, à mieux comprendre l’énergie leurs factures et puis faire leur transition énergétique avec des enjeux techniques, des enjeux managériaux, des enjeux environnementaux, de RSE et très clairement maintenant économique. »
« Nous on joue le rôle de bureau d’étude technique au sein d’ATL-EN-TIC, qui vise à offrir une offre complète sur la donnée énergétique, depuis le plan de comptage jusqu’à l’effacement ou le stockage de l’électricité par exemple. »
« Alors c’est vrai qu’avant même le choc gazier récent, on parlait beaucoup de décarbonation, je crois que le principal enjeu est partagé maintenant par tous : C’est être carbone neutre pour répondre aux enjeux climatiques et pour cela il faut décarboner grâce à trois leviers principaux.
Le premier levier est l’efficacité énergétique qui comprend la sobriété. Comment consommer mieux et comment consommer moins ?
Ensuite on a le levier de remplacer les énergies fossiles par des énergies décarbonées ou renouvelables par exemple des chaudières biomasse ou des panneaux solaires photovoltaïques.
Le troisième levier est un levier plus contractuel, par exemple acheter de l’énergie verte, saisir les opportunités liées à l’effacement.
Ces 3 leviers sont à déployer au sein de sa stratégie de décarbonation. »
« Alors toutes les cartes viennent d’être rebattues ce mercredi 31 Août, le gouvernement vient d’annoncer son plan de sobriété énergétique et demander 10% d’économies pour cet hiver. Très clairement ça change les plans et les priorités. Aujourd’hui la décarbonation d’un point de vue environnemental a rejoint les enjeux économiques. Et pour moi ça fait partie des dossiers qui doivent être sur les piles prioritaires de chefs d’entreprise car on subit des hausses de coût sur les marchés de x10, x15. C’est un véritable choc. L’enjeu à court terme, c’est tout d’abord ne pas se lancer dans des projets qui aboutiront dans 1 ou 2 ans. »
« Mes recommandations c’est en premier lieu : Vérifier ses contrats, vérifier les dates de renouvellement, les conditions de prix, quelles sont les aides qui peuvent être mises en place. Par exemple pour les entreprises qui dépensent + de 3 % de leur CA dans l’énergie, ils peuvent avoir une aide gouvernementale si elles ont subi un doublement de leurs prix de l’énergie, déjà dans un premier temps est-ce qu’on est éligible ou pas.
Ensuite ce qu’on peut faire, évidemment le télétravail fait partie des éléments de réponse, malheureusement avec le covid ça été mis en place mais c’est un outil qui peut aussi servir la sobriété énergétique permettant de ne pas chauffer l’entièreté des bureaux et de consommer du pétrole pour les déplacements. On peut aussi travailler sur ses consignes, ses régulations, sur la baisse des talons (c’est ce qu’une usine consomme quand elle n’est pas ouverte). Ça peut représenter 30-40-50% des consommations énergétiques d’un site. C’est des outils qui peuvent être mis en place rapidement pour atteindre les objectifs du plan de sobriété énergétique.
Et puis la 3ème chose c’est d’anticiper l’effacement. L’effacement c’est décaler sa production pour permettre des pics de consommation sur les réseaux, l’idée ici est de ne pas les subir mais les anticiper. Les industriels peuvent choisir de l’effacement volontaire et qui est rémunérateur et si on a des restrictions et qu’on doit faire de l’effacement, on peut réfléchir sur ce qu’on peut proposer en matière d’effacement, être assez proactif et avoir des plans déjà en place au sein de l’entreprise. Voilà les priorités pour ce qui concerne le plan de sobriété. »
« Oui des outils existent pour vérifier et savoir si les mesures que l’on a prises sont efficaces et regarder sans attendre 3 semaines le résultat.
Pour l’électricité, c’est la courbe de charge qui donne toutes les 10 minutes l’état de consommation d’un site, ces informations peuvent être obtenues. Akajoule par exemple propose une solution qui s’appelle “DATAJOULE”, au sein d’ATL-EN-TIC on a aussi via ENERGIENCY un outil très complet qui dispose notamment la possibilité de faire du sous-comptage pour des sites industriels énergivores. Cela permet lorsque l’on fait un travail sur son talon, quand on a un certain nombre de mesures ou que l’on coupe qqchose de vérifier le lundi qu’est-ce qu’on a atteint en matière de puissance résiduelle et puis d’essayer de faire mieux le week-end suivant. Même chose pour l’effacement, on réalise des audits d’effacement, on détermine les possibilités d’effacement notamment via les dispositifs Expedit de l’ADEME, là concrètement on fait des tests, on coupe un certain nombre de machines et on regarde sur la courbe de charge jusqu’à quel niveau de puissance on descend et ce qui nous permet en faisant ce test d’effacement dans un plan de sobriété, on regarde ce qu’on peut facilement effacer en gênant le moins possible la production en 2h et après on reprend.
Il existe des choses équivalentes sur le gaz, cette fois-ci plutôt à l’échelle de la journée ou plus bas si on dispose de sous-comptages spécialisés. »
« Oui tout à fait ne pas oublier le long terme, car tout ce qu’on va faire à court terme c’est déjà du temps de gagner sur le long terme et on bénéficiera de la dynamique qui aura été mise en place. On parle d’ambassadeur de la sobriété pour ceux qui n’ont pas encore d’energy manager ou qui n’ont pas démarré.
L’augmentation du prix de l’énergie, c’est sûr que cela va durer un certain temps. Au-delà de l’urgence et des 10% de préparer les économies supplémentaires. L’ outil c’est ce qu’on appelle les trajectoires CO2, les trajectoires bas carbone. Réfléchir à quelle trajectoire on se donne à des horizons qui peuvent être 2025-2030, tout est beaucoup accéléré en ce moment. Là on peut réfléchir à des projets un peu plus structurants comme le changement d’énergie, comme des plans de performance ou d’efficacité énergétique en remplaçant du matériel et là on peut aller bien au-delà des 10% et qui permettent dans un second temps d’aller plus loin que le plan de sobriété. Au passage 10% d’économies immédiates, c’est des choses qui sont largement atteignables. Nos clients qui avaient déjà démarré toutes ces démarches sont même capables d’aller au-delà de ces 10% en travaillant sur tout ce qui est plan d’efficacité ou de sobriété et puis en matière de trajectoire, on a tendance à voir tous les objectifs augmenter et les horizons de temps diminuer pour arriver à être indépendant des énergies fossiles ce qui signifie indépendant des fortes hausses sur le marché de l’énergie. »
« Bon là le meilleur financement c’est les coûts qu’on va éviter de payer sur les factures avec des temps de retour assez fortement réduits, bon ya tout de même un corollaire c’est que prix des matières premières augmentant, la disponibilité des entreprises baissant, on est aussi touché par l’augmentation des prix qui vient balancer la diminution des temps de retour, il ne faut plus que les aides soient le critère qui permet de passer à l’acte.
Néanmoins il existe des aides, sur le changement renouvelable d’énergie comme la biomasse, il existe des aides mais qui commencent à être très rapidement prises d’assaut et plus difficiles à obtenir.
Ensuite il peut y avoir quelques dispositifs notamment via l’ADEME pour des projets innovants ou des projets avec une forte capacité de duplication qui peuvent être accompagnés, je pourrais citer aussi BPI pour tout ce qui est démarche auprès des PME comme le diagnostic ecoflux, décarbon-action sur le bilan carbone pour accompagner les entreprises sur le décret tertiaire. L’ADEME et BPI sont assez actifs dans tous ces domaines. »
Non seulement c’est possible mais c’est absolument indispensable